L'hiver sous la plume de 3 écrivains québécois
- Alexandr Cozma
- Nov 2, 2024
- 3 min read
Updated: Dec 9, 2024
Par Alexandr Cozma

L’hiver est un emblème du Québec, rien de moins. Quand on pense à cette province, on s’imagine de grands espaces ou des forêts immenses envahis par la neige blanche, qu’elle couvre le sol ou qu’elle soit transportée comme une voile dans le vent. Ce climat particulier est même à l’origine de l’expression «hiver québécois». Il s’agit, en conséquent, d’une source d’inspiration majeure pour nos artistes, qu’ils soient musiciens, écrivains, poètes, peintres, etc. Ici, nous nous intéresserons plus particulièrement à la poésie, qu’elle nous provienne des mots de Nelligan ou de Garneau ou encore des vers de Vigneault, portés en musique. Je ne citerai que certains extraits des poèmes ; si vous souhaitez les lire au complet, des liens vous seront proposés à la fin de mon article.
Émile Nelligan
Le premier poème est probablement un des poèmes les plus populaires au Québec : il s’agit de «Soir d’hiver», du sublime Émile Nelligan. Ne faisant que quatre strophes de cinq vers chacune, ce poème est très court. De plus, il est particulièrement sujet à la répétition, comme nous le démontre bien la première strophe :
«Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!

Qu’est-ce que j’ai le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai.»
La dernière strophe est identique (si on exclut le dernier vers) et les deux autres strophes suivent à peu près la même structure. Mais alors, vous me demanderez : qu’est ce qui rend ce poème si grandiose? Je répondrais que c’est sa manière innovante de percevoir l’hiver, certes, mais aussi le style de Nelligan qui se marie avec perfection à la thématique hivernale. La plupart de ses poèmes propose un ton joyeux et presque enfantin, telle une sorte de célébration. Toutefois, sous une perspective plus profonde, on y découvre presqu'une lamentation qui d'ailleurs, transparait ici clairement dans la troisième strophe.
2. François-Xavier Garneau
Le second poème vient d’un poète qui est beaucoup moins célèbre que le précédent ; il est donc tout à fait normal que son nom vous soit inconnu. Il s’agit de François-Xavier Garneau, ayant vécu au XIXe siècle. Le fait qu’il soit si méconnu en poésie est extrêmement surprenant quand on lit un de ses magnifiques poèmes.

Il est toutefois reconnu comme personnage historique et il est l’un des historiens les plus influents du Canada grâce à son ouvrage «Histoire du Canada français». Le poème sélectionné, simplement titré «L’Hiver», contient onze strophes de huit vers. Il est donc beaucoup plus volumineux que le texte de son confrère Nelligan. Chacune des strophes sont poignantes, le pathétisme de cette œuvre est extrêmement apparent.
Voici la troisième, à titre d’exemple :
«Là-bas à l’horizon, comme un fantôme immense,
L’hiver semble couvrir les cieux;
Le vent devant son front roule avec violence
Les flots épars de ses cheveux;
De longs glaçons pendent à ses paupières;
Dans les airs bat sa robe de frimas;
Le jour pâlit sous ses regards sévères,
Et la tempête enveloppe ses pas.»
Comme vous pouvez le remarquer, l’hiver est décrit par Garneau comme étant une sorte de dieu cherchant à se tailler une place parmi les endroits pleins de vie, en éteignant toute trace de cette dernière sur son passage. Toutefois, dans la dernière strophe, le printemps arrive, et l’hiver doit quitter contre son gré. Ce poème raconte une histoire avec brio, ce qui est plus complexe à faire qu’il n’en paraît.
3. Gilles Vigneault
Le troisième et dernier poème présenté dans cet article, la chanson «Mon pays», a été écrit et mis en musique par Gilles Vigneault, sans doute l'un des plus grands chansonniers de l’Histoire du Québec. Il n’est pas réellement composé de strophes, mais il fait tout de même 34 vers. Voici le refrain, répété une fois sous la même structure, mais avec des paroles différentes, et ensuite avec les mêmes paroles :

«Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon jardin, ce n’est pas un jardin, c’est la plaine
Mon chemin, ce n’est pas un chemin, c’est la neige
Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver»
Comme dans le poème de Nelligan, la répétition est présente, mais pas autant. Aussi, il s’agit d’une description plutôt que d’une histoire comme l’avait fait Garneau. Il présente la description de notre pays unique, dont l’hiver nous amène beaucoup de difficultés, il est vrai, mais aussi beaucoup de joies.
Pour lire les versions intégrales des poèmes présentés, suivez ces liens :
Soir d'hiver d'Émile Nelligan L'hiver de François-Xavier Garneau
Mon pays de Gilles Vigneault
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